| # Février 2016
Mot d'accueil de Frédéric Fulgence, IEN-A De l’usage des réseaux sociaux en classe ou pourquoi ne pas apprendre à nager sur des tabourets de bois « Le professeur ne doit pas apprendre des pensées [...] mais à penser. Il ne doit pas porter l'élève mais le guider, si l'on veut qu'à l'avenir il soit capable de marcher de lui-même. » Kant, Propos de pédagogie, 1803. Les arguments refusant l’introduction en classe des réseaux sociaux sont nombreux : ne nuisent-ils pas à l'efficacité ? Ne sont-ils pas facteurs de dispersion voire de danger ? Et quel besoin de les initier à une pratique à laquelle les exposera inéluctablement leur appartenance au groupe ? Mais quel dommage de se passer des interactions possibles ! Ces mêmes outils collaboratifs peuvent devenir, dans un cadre pédagogique, de véritables vecteurs d'ouverture sur l’extérieur. Cela, à condition d’en faire de véritables outils pédagogiques : c’est le sens de notre approche. Et il ne sert à rien de créer pour cela des réseaux à part de ceux que l’on connaît déjà. Si l’on peut comprendre l’argument économique (on doit en la matière ne pas nous départir d’une certaine neutralité), le réel est là pour nous rattraper – ces réseaux existent déjà. Nos élèves, à un certain âge, les connaissent ; ils en maîtrisent le fonctionnement de base (ce qui reste insuffisant et confirme notre rôle éducatif), et nous pouvons nous appuyer sur ces compétences pour les augmenter et les sécuriser. Acceptons de rentrer dans les flux d'information avec les élèves pour leur donner les moyens de les maîtriser. Car il ne suffit pas de leur parler des précautions à prendre pour préserver leur identité numérique : il faut qu’elle soit vécue pour être comprise. Au lieu de bloquer, éduquons-les à un usage raisonné et réfléchi des réseaux sociaux, en les accompagnant, en leur montrant ce qu’ils en peuvent retirer et quelles en sont limites, en assumant aussi que nos usages en classe s’adapteront à l’âge des élèves. Ne doivent-ils pas apprendre à se repérer, à gérer le risque, à l’anticiper, à adopter la conduite qui les prémunira et leur permettra d’en retirer le maximum d’enseignements ? Pour jalonner, pour éduquer aux réseaux sociaux, pour faire de nos élèves des citoyens numériques, responsables et actifs, encore faut-il que nous ayons nous-mêmes conscience des dérives possibles et des usages féconds qu’ils portent. Nous sommes là pour vous y aider. |
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